Extraits de journaux français. Propagande et bourrage de crâne.
Extraits du "Panorama de la guerre", de 1914-15-16-17.
1. Portrait de Guillaume II (…) L’empereur des ravageurs insulte des soldats. Le crocodile casqué larmoie. De toutes les villes et de tous les villages de Pologne, de Belgique et de France où l’atroce horde passa, n’en monteront que plus exaspérés les cris d’exécration et les appels à la vengeance.
2. Lutte canon contre aéroplane. Quand un aéroplane français survole les lignes ennemies, que les Prussiens cherchent à l’abattre, c’est de bonne guerre. Soldats contre soldats, combattants contre combattants. Mais lorsqu’un « Taube » se montre au dessus de nos lignes à nous, l’affût prend un tout autre caractère. Il ne s’agit plus uniquement d’arrêter les opérations de l’éclaireur aérien ou de devancer le jet de ses bombes ou des ses flêches sur nos cantonnements et sur nos tranchées, mais d’empêcher un malfaiteur d’aller au-dessus de la ville ouverte la plus proche faire son métier d’assassin. La lutte devient alors la lutte de soldats contre bandits.
3. L’arrivée d’un blessé. De l’ambulance où lui fut fait le premier pansement, une limousine l’amène dans un hôpital temporaire. Là, des infirmières volontaires vont veiller sur lui avec une sollicitude de tous les instants. De leurs mains légères et douces de fées, elles rafraîchiront ses blessures, calmeront ses souffrances, hâteront sa guérison. Et lorsqu’il pourra repartir pour le feu, mieux prêt que jamais au patriotique sacrifice, c’est le cœur rempli d’une ineffable gratitude qu’il saluera les femmes dont le dévouement aura su le garder à la France, à son régiment, à son devoir.
4. A l’intérieur d’une tranchée allemande. Ils en sont fiers de leurs tranchées comme ils sont fiers de tout ce qu’ils ont, de tout ce qu’ils font, de tout ce qu’ils disent. Poussant le narcissisme au grotesque et le grotesque au monstrueux, ils se mirent tour à tour dans leur « kultur » et leur sottise, leurs fourberies et leurs lâchetés, leurs crimes et leurs ignominies. Tout chez eux devient « kolossal », jusqu’au mensonge. C’est ainsi qu’on les voit se vanter, par l’organe de tous leurs journaux et le fil de toutes leurs agences, de nous avoir subjugués et vaincus, alors que les tranchées où nous les assiégeons deviendront, bientôt, la fosse où s’anéantira le prestige usurpé de leur Empire.
5. Une tranchée anglaise. A première vue, l’on ne croirait pas cette tranchée occupée dans toute sa longueur par des fantassins en position du tireur debout. C’est qu’elle est, du côté de l’ennemi, aménagée de façon à réserver pour chaque soldat un sorte de niche. Un officier prussien, qui put voir la pareille, écrivait : « Sa construction systématique nous étonna au point de vue, particulièrement de la protection contre les ricochets et les feux de flanc. C’est là, on peut le dire, une tranchée modèle. »
Le mortier de 420.
Nous ne possédons encore, au bout de vingt mois de guerre, que des informations succinctes sur cette pièce de gros calibre dont la réputation semble avoir été quelque peu surfaite. (…) Le mortier de 420, fabriqué et expérimenté sans grand succés par la maison Krupp, avant la guerre, fut offert au début des opérations au gouvernement allemand qui en fit construire un certain nombre.(…) Chaque coup revient à 13 000 francs. D’ailleurs la pièce ne peut tirer, paraît-il, qu’une cinquantaine de coups et est ensuite hors service. (…) Une douzaine de ces mortiers participerait dit-on à la bataille de Verdun.(…) Ainsi perdent-ils successivement les avantages qu’ils détenaient grâce à une préparation méthodiquement (côté Français) poursuivie pendant plus de quarante ans (1870-1916). Grâce à notre génie d’inspiration, nous avons pu concevoir, expérimenter et réaliser, au cours même de la guerre, un matériel qui en qualité et bientôt en quantité n’aura rien à envier à ses concurrents. Extrait de la « Gazette des armées », printemps 1916.
La mise au four du pain KK.
Nous avons publié deux photographies sur la fabrication du pain KK pour la population allemande. Voici celle des pains destinés aux armées. Chaque soldat a droit à un tiers de pain qu’on lui donne d’ailleurs rassis. La qualité de ce mauvais aliment a sensiblement baissé ces derniers temps. Et, si comme on l’annonce, la gelée a détruit dans l’est et le sud de l’Allemagne la presque totalité des plants de pommes de terre, l’armée sera bien mal nourrie pendant la campagne d’été. « Le Miroir », 1915.
(…) Il doit y avoir parmi ces guerriers de bonne humeur constante et d’esprit inventif, quelque artiste préoccupé d’esthétique, on le jurerait. On croit entendre les joyeux ou sages propos qui se tiennent sous cet abri (…). Et ce qui fait sans doute la qualité supérieure de l’héroïsme des nôtres, c’est qu’il n’est point farouche et garde même à son paroxysme, toutes les qualités aimables de la race. Nous avons perdu assez d’années à nous méconnaître ou à nous calomnier pour pouvoir aujourd’hui, sans fausse pudeur, nous rendre ce commencement de justice. "L’Illustration" (« Le hammam dans la tranchée »).
Extraits du communiqué officiel.
Jeudi 18 mars (les 5 premières lignes du communiqué). Toutes les attaques allemandes à Notre Dame de Lorette ont échoué. En Champagne, brillants succès pour nos troupes. Les journaux suisses montrent l’importance des avantages que nous avons acquis en Alsace. L’échec de Hindenburg paraît complet en pologne. Le bruit court à nouveau que Guillaume II serait à nouveau malade.
24 février 1916. Une lutte acharnée se livre autour du fort de Douaumont (…). La position enlevée ce matin par l’ennemi après plusieurs assauts qui lui ont coûté des pertes très élevées a été de nouveau atteinte et dépassée par nos troupes que toutes les tentatives de l’ennemi n’ont pu faire reculer. Communiqué officiel relatant la prise du fort de Douaumont par les Allemands et sa reprise par les Français le 24 février 1916. Alors qu’en fait le fort a bien été pris par les Allemands ce jour-là, mais n’a été récupéré par les Français qu’en octobre.
L’attaque du Labyrinthe en juin 1915 en Artois (commencée le 9 mai !). 3 juin : nous avons enlevé de nouvelles tranchées dans le Labyrinthe. 4juin : dans la région du Labyrinthe nous avons progressé. 5juin : nous avons gagné encore 100 mètres dans le Labyrinthe. 6 juin : nous avons réalisé des progrès dans le Labyrinthe où nous avons gagné 450 mètres. 7 juin : nous avons progressé de 100 mètres dans le Labyrinthe dont nous tenons les deux tiers. 8 juin : au Labyrinthe, nous avons poursuivi notre marche vers le réduit central, en repoussant toutes les contre-attaques. 9 juin : dans le Labyrinthe, après avoir refoulé une offensive, nous avons accompli de légers progrès 10 juin : dans le Labyrinthe, nous avons avancé au sud-est. 11 juin : nous progressons dans le Labyrinthe.
Et pendant ce temps… que savait le soldat ?
Extraits des lettres de François TALLET BRANCARDIER au 111ème RI. Le 8 août 1914. « Maintenant les nouvelles sont très bonnes quoique la situation était très grave car d’après les dépêches officielles, les Allemands ont été battus par les Belges. Il y a plus de 8 mille morts. »
Le 29 août 1914. « On raconte qu’en Belgique la grande bataille a commencé depuis quatre jours. Il paraît que tout dépend de là-bas pour la fin de la guerre. Si nous avons la victoire dans 8 jours, nous saurons à quoi nous en tenir. Tout ça c’est peut-être des contes. Vous me feriez plaisir si vous me racontiez un peu ça que racontent les journaux… ».
« Le général Joffre avait envoyé aux troupes que dans trois jours, il n’y aurait plus un Allemand sur le sol de la France… ». Lettre écrite le …. 2 octobre 1914.