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Scène VI : Blessure au doigt-basculement du héros en 1915. (1 version disponible)

Publié le mercredi 15 octobre 2008.


Chapitres 8,9.

Décor : scène de gauche allumée, scène de droite éteinte.

Personnages : Yann, Caroline, le héros.

Contexte/Mise en scène : Le héros se réveille avec la blessure au doigt. Les trois personnages sont paniqués. Yann fouille dans sa bibliothèque pour trouver des informations sur Carency. Il les trouve. Ce n’est pas un rêve : Carency existe bien. Les visions sont réelles. Le héros comprend qu’il est relié à un soldat risquant sa vie à l’autre bout de la France et à près de 100 ans de son époque. Il est pris d’un malaise et tombe à la renverse. Exctinction des lumières.

Texte : le texte est toujours dit par la voix off. Les acteurs miment la scène.

Scène VI

Version proposée par Christophe

(Voix de la conscience) Le silence… le silence et l’obscurité. La tête vide de pensée, le corps absent, privé de sensations. Depuis combien de temps suis-je ainsi ?

(Voix féminine) - Dors mon loup, ce n’est rien…

(Voix du soldat Vernay) - Clara… ? (Voix de Vernay, faible, despérée)

(Voix féminine) - Clara ! reprend-elle à nouveau, pleine de détresse. (Conscience) Ces voix. D’où viennent-elles ? Un rire d’enfant. Des chansons d’époque…

(Conscience) Où est mon corps ? Pourquoi est-ce que je ne le sens pas ? Est-il encore là d’ailleurs ? Ça ressemble vraiment à la mort…. Et pourquoi suis-je si calme ? Pourquoi est-ce que je n’ai pas peur ? Je ne veux pas mourir, pourtant.

(Voix féminine) - Dors mon loup, ça te fera du bien…

(Voix du soldat Vernay)- Clara… Reste avec moi !

(Conscience) Où suis-je bon Dieu ! Je ne me souviens de rien ! Et à qui est cette voix. Ce n’est pas la mienne… On dirait pourtant qu’elle sort de moi ! Je veux voir ! Je veux entendre ! Je ne veux pas rester dans ce noir ! Je veux voir !!!

La lumière revient sur la scène de 1915. Le caporal Vernay dort. Bonpain et Thérisse mangent.

(T) - Tiens, on dirait que le caporal se réveille.

Le Caporal parle à sa femme en dormant.

(V) - Clara ! Reste avec moi. J’ai peur ici sans toi !

Thérisse fait mine de le réveiller.

(B) - Non laisse le… Pour une fois qu’il en écrase.

Le héros se réveille mais Bonpain et Thérisse ne le voit pas. Il feint de dormir mais assiste à leur conversation.

(Conscience) Et puis,je me suis réveillé là. J’étais terrorisé. Je ne savais pas quoi faire… Me lever ? Parler ? C’était qui ces deux types ? Paralysé, j’ai attendu…

(T) - ça me gêne de l’entendre parler à sa femme comme ça. On dirait qu’on est dans leur chambre à coucher… C’est vraiment génant, quoi…

(B) - Allez Thérisse,, passe la main ! Moi j’trouve ça plutôt touchant. On pourrait pas croire qu’un mec comme le caporal soit si amoureux de sa p’tite bonne femme.

(T) - Tu parles, quand on l’a vu dans un assaut, on pourrait pas croire.

(B) - Tu t’rappelles, l’attaque du 9 mai…Un vrai lion qu’il était ce jour-là ! Il a fait sauter la tête d’un affreux boche qui voulait m’enfoncer sa baïonnette dans l’ventre. Tu penses si ça s’oublie pas !

(T) - Jusqu’à Givenchy qu’il nous a emmené. On en a percé des lignes à nous tous seuls !

(B) - Il en a attigé combien des boches ? Quoi ? 10, 12, j’me souviens jamais. Et puis i fait sans comme ça, sans en avoir l’air…Bien vrai, avec un régiment de gars gonflés comme lui, on s’rait à Berlin demain matin… Sacré caporal va ! Il est là, il dort…i fait tout fragile… On aurait presque envie de lui prendre la main.

(T) - Tu parles, c’est dans la gueule qu’il te la mettrait.

(B) - Naturliche ! Il a le coup de poing facile avec ça…

(T) - I cause pas lourd, I sourit pas, mais quand il faut en mettre un coup il est là. En cas d’coup dur, il a toujours le geste qu’i faut…C’est un vrai poilu quoi !

(B) - J’comprend pas qu’il soit juste resté caporal avec l’allant qu’il a…

(T) - T’oublie son sale caractère. Dès qu’un truc lui parait injuste, i s’met en pétard. Il a l’sang chaud j’te dis…et dans l’armée si tu veux du galon, vaut mieux prendre les choses à la coule…

(B) - Sacré caporal va…

(T) - Tiens du r’veux du rab de singe ?

(B) - Non ma vieille, garde lui un morceau. Par contre, si t’avais un p’tit coup d’gniole pour faire glisser ç’mastic, ce s’rait pas d’refus.

(T) -Attends, passe moi hazor, j’ai ma topette tout au fond…

Le capitaine apparaît sur la scène. Thérisse fait disparaître la topette de gniole, en catastrophe et les deux hommes se redressent pour saluer.

(C) - Repos, messieurs…repos. Alors, tout est calme ?

(B) - Oui mon capitaine, à cette heure les boches font comme nous, il doivent casser la croûte. Vous savez quand on va être relevé ?

(C) - Je ne sais pas soldat Bonpain. Pas avant deux jours sans doute.

(B) - Bah, si les boches restent tranquilles comme ça, on peut bien rester un mois ici, s’pas Thérisse ? Après ç’quon a encaissé depuis le début de cette offensive, un jour comme ç’ui là, c’est comme des vacances à la plage. I manque juste un peu la mer…

(C) - Où est le caporal Vernay ?

(T) - Là derrière mon capitaine, il dort un peu. Il a eu une émotion…Rapport à un de ses doigts qu’une balle boche lui a coupé. Mais vous z-en faites pas il est solide. J’chuis sûr qu’il a déjà oublié…

(C) - Hélas, soldat Thérisse, la nouvelle que j’apporte sera pour lui autrement plus dure à encaisser…

(T) - Qu’est- ce que vous voulez dire mon capitaine ?

(C) - Tenez, tout est dans cette lettre. Je vous laisse le soin de la lui donner… Bon courage…Et faites bonne garde. Les boches ne dorment jamais longtemps…

Le capitaine s’en va. Bonpain et Thérisse restent indécis en regardant la lettre.Bonpain tend la lettre à Thérisse.

(B) - Tu crois qu’on l’ouvre ?

(T) – Non ! t’es fou !…ça nous r’garde pas… Mets lui dans son sac. On verra bien s’qui s’passera.

Bonpain glisse la lettre dans le sac alors que des coups de feu retentissent.

(Voix de la conscience) C’est à ce moment là que je l’ai senti reprendre possession de ce corps.Il s’est redressé comme un diable et je l’ai entendu crier :

(Vernay) : Reste pas à découvert Morel !

Vernay se dresse comme un diable et se jette sur un homme resté exposé au créneau. Un autre est touché et s’effondre dans la tranchée dans un cri.

Vernay se penche sur lui aussitôt et lui ouvre sa veste avec autorité pour lui prodiguer les premiers soins. Il donne des ordres à Thérisse et Bonpain pour qu’ils amènent des pansements.

(Vernay) : Bonpain, Thérisse, des pansements ! Magnez-vous merde ! Et vous, planquez vous mieux qu’ça !... Emmenez le vite au poste de secours du point G.

La scène se termine par l’évacuation du blessé et la prise de commandement de Vernay qui fait remettre les hommes à leur place.

C’est à nouveau Vernay qui décide.



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