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Bombardement français à la veille d’une grande offensive

Publié le mercredi 23 juillet 2008.


Cet extrait est tiré du chapitre 23. Le héros et Bonpain ont regagné Carency pour s’y reposer en attendant les corvées de la nuit. Depuis la cave d’une maison en ruine, ils assistent au bombardement préparatoire de l’offensive du 16 juin. D’après les historiques de régiments plusieurs jours avant l’attaque, les canons français bombardaient en masse les lignes allemandes pendant quelques heures puis s’arrêtaient. Ces bombardements visaient à détruire suivant les calibres des obus, les réseaux de fils barbelés, les nids de mitrailleuses, les abris bétonnés, les batteries de canons, les voies ferrées et à empêcher les rassemblements de troupes.
Nous venons d’avaler la dernière bouchée lorsqu’ un coup de tonnerre nous fait sursauter tous les quatre. Aussitôt, cent tonnerres semblables grondent à leur tour. Obéissant à un ordre venu d’on ne sait où, toutes les pièces d’artillerie qui nous entourent semblent s’être mises à tirer en même temps. On ne perçoit bientôt plus qu’un grondement terrible et interminable, un roulement ininterrompu qui fait vibrer toute l’atmosphère et les fondations même de la maison.
- Ça y est ! C’est parti ! fait Bonpain en se levant. Petit à petit, dans le vacarme assourdissant, des voix se détachent, les détonations se dissocient. Quelque part en avant du village, des claquements secs, brefs, suivis de hurlements stridents se pressent, se mêlent, s’entrechoquent. On devine que ce sont les pièces que nous avons vues tout à l’heure qui aboient ainsi furieusement. Derrière, les mêmes détonations, plus fortes, moins pressées, avec une note finale plus longue, semblent répondre.
- Bon Dieu si ça pète !
- 75, 120, y a aussi du 155 j’crois bien. fait l’un des mitrailleurs, le geste suspendu, avec l’œil du connaisseur interrogeant la voûte de craie.
- Ecoutez un peu çui là ! Au milieu du martèlement continu, un bruit différent, plus ample, comme le glouglou gigantesque d’une bouteille qu’on vide, se déplace là-haut d’un bord à l’autre du ciel.
- Mince alors, c’est un maouss celui là.
- Ils sont en train de faire donner la lourde ! Machinalement, nous nous sommes tous rapprochés de l’ouverture. Là-haut, à nouveau, la vibration énorme nous survole.
- Vise un peu ! On l’voit passer l’gros noir ! crie Bonpain surexcité, montrant du doigt le bleu du ciel. Au milieu du roulement des coups de départ, on entend siffler au-dessus de nous toute cette ferraille qui fend l’air. Sans parvenir à les apercevoir, on devine les obus par centaines au bout de leur parabole vertigineuse, qui sifflent, hurlent, poussent des plaintes étranges. On dirait une volée d’oiseaux de cauchemar qui nous survolent en poussant des cris de démons. Là-bas, sur l’horizon, au ras d’un rideau d’arbres, on voit se former soudain un chapelet de flocons verts.
- V’là les schrapnells à présent ! Avant que d’autres ne les remplacent, les premiers flocons se dissolvent lentement tout en dérivant poussés par le vent. Autour de nous,le bombardement redouble.
- Le r’vlà ! crie Bonpain Regarde s’il est pépère ! On entend monter l’ample vibration derrière nous, puis nous dépasser pour aller se noyer dans la rumeur de l’avant. Cette fois, je l’a

Bombardement français à la veille d’une grande offensive