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Scène VII : Réveil dans la tranchée. (2 versions disponibles)

Publié le mercredi 15 octobre 2008.


Chapitres 10, 11.

Décor/Mise en scène : D’abord le noir complet avec la voix off qui reprend le texte des pages 98-99. Puis la lumière revient doucement sur le décor de droite.

Personnages : Le capitaine, Thérisse, Bonpain, le héros, deux sentinelles.

Contexte/Mise en scène : Bonpain et Thérisse dialoguent. C’est une scène d’exposition qui peut permettre de présenter ces deux personnages ainsi que le caporal Vernay qui dort (contrairement au livre, il n’est pas blessé). Le capitaine arrive avec la lettre annonçant la mort de Clara. Bonpain et Thérisse n’osent pas réveiller le caporal et glisse cette lettre dans son sac. Lentement Vernay se réveille sans que les deux hommes y prêtent attention. La voix off commente ce réveil et explique que ce n’est plus Vernay qui est là mais la conscience de l’homme moderne dans le corps de Vernay. Une fusillade se déclenche. Vernay se redresse (c’est cette fois la conscience du soldat qui agit), il sauve la vie à un homme imprudemment exposé et prodigue les soins à un autre touché. La voix off explique ce changement de personnalité.

Moyens techniques : Sonorisation de fusillade. Pour faire comprendre au public que ce n’est plus Vernay qui est présent mais l’homme de 2005, c’est ce héros moderne avec ses habits de notre époque qui se réveille dans la tranchée. Personne ne s’en rend compte parmi les soldats qui l’entourent. Même Thérisse et Bonpain lui parlent normalement.

Scène 7 :

Version proposée par Lloyd

Personnages : Le capitaine, Bonpain, Thérisse, le héros et deux sentinelles.

Le héros dort, il est habillé comme en 2005. Thérisse est dans un coin, en train d’écrire une lettre. Bonpain fait l’inventaire des bidons et tourne de droite à gauche sur la scène.

Voix off pour présenter les deux personnages ??? ( Voix de Vernay)

Voix off : L’homme qui marche c’est Bonpain. C’est un homme solide, fort. Mais ne vous fiez pas aux apparences, sous ce corps de gaillard se cache un homme sensible et intelligent. Dans le coin, c’est Thérisse, il n’a rien à faire ici. Il est trop jeune, trop fragile. Depuis qu’il est arrivé, Thérisse écrit. Dès qu’il le peut, le jour, la nuit, couché au fond d’un abri, ou s’il le faut debout dans une tranchée, il écrit. Il envoie les lettres à ses parents, à ses vieux comme il le dit pour prendre un peu de distance.

Bonpain (d’ une voix amicale) : Tu écris une lettre à tes parents Thérisse ? Thérisse (air triste, mais il sourit) : Oui, j’écris une lettre à mes vieux. Et toi tu ...

(Thérisse est coupé, le capitaine vient d’ entrer)

Capitaine (voix forte) : Où est Vernay ?

Thérisse se lève et Bonpain se rapproche du capitaine

Bonpain (d’une voix moins enjouée et en désignant le lit) : Ici mon capitaine, il est en train de dormir. Capitaine( d’une voix moins forte) : Très bien, ne le reveillez pas. Je sais que vous êtes les deux personnes qui connaisent le mieux le caporal Vernay. Nous avons reçu cette lettre ce matin et je vous demande de lui transmettre. Bonpain : Mon capitaine, peut-on savoir de quoi il s’agit ? Capitaine (sans émotion) La femme du caporal nous a malheureusement quitté.

Thérisse et Bonpain sont sous le choc.

Bonpain (se ressaisissant) : Nous la lui transmettrons mon capitaine. Capitaine : Bien.

(Le capitaine quitte la pièce)

Thérisse et Bonpain se regardent.

Thérisse (qui a maintenant peur de réveiller le héros, mumure) : On fait quoi maintenant ? Bonpain ( murmurant lui aussi) : J’sais pas. Thérisse : On attend qu’il s’réveille pour lui dire ? Bonpain : T’es pas fou ma vieille ! On va mettre ça dans son sac, et on en parle plus. Thérisse : Oui, t’as raison..t’as raison.

Les deux hommes reprennent leurs occupations. Bonpain continue son inventaire mais le coeur n’y est plus, tout comme Thérisse qui n’écrit plus.

Le héros se réveille, il est habillé comme en 2005. Il est debout et ne comprend pas où il est.

Voix off : L’homme qui se réveille n’est plus le caporal Vernay, c’est notre héros de 2005 qui est à l’intérieur.

Bonpain se retourne.

Bonpain (d’un faux air enjoué) B’jour caporal ! Bien roupillé ? Thérisse reprend sur le même ton : Ce p’tit somme vous a fait du bien Caporal ?

Le héros ne répond pas, ses habits ne choquent pas Thérisse et Bonpain.

Bonpain : Vous allez bien caporal ?

Le héros reste muet et soundain :

Sentinelle (elle crie) Ils arrivent !

(Sonorisation de fusillade)

Vernay se met alors à courir vers une sentinelle pour lui sauver la vie.

Voix off : Le corps du caporal est maintenant controlé par le véritable caporal Vernay.

Vernay : (crie) Cessez le tir ! C’est encore une feinte !

Sentinelle qui vient d’être sauvée : Qu’est-ce qui z’ont derrière la tête aujourd’hui ?

Vernay (sans regarder la sentinelle) : T’as pas encore compris ? Ils vont nous sonner !

Vernay longe la tranchée et crie : Tout le monde aux abris !

Le caporal sauve la vie de la deuxième sentinelle. Elle a le bras rouge de sang. Le caporal commence à la soigner.

Fin de la scène.

Scène VII

Version proposée par Christophe

(Voix de la conscience) Le silence… le silence et l’obscurité. La tête vide de pensée, le corps absent, privé de sensations. Depuis combien de temps suis-je ainsi ?

(Voix féminine) – Paul ? Quand est-ce que tu reviens ?

(Voix du soldat Vernay) - Clara… (Conscience) Ces voix. D’où viennent-elles ? Un rire d’enfant. Des chansons d’époque…

(Conscience) Ces chansons…ces rires…Je ne reconnais rien…On dirait qu’ils sortent de moi…Mais ce ne sont pas mes souvenirs… ! Où est mon corps ? Pourquoi est-ce que je ne le sens pas ? Est-il encore là d’ailleurs ? Ça ressemble vraiment à la mort…. Et pourquoi suis-je si calme ? Pourquoi est-ce que je n’ai pas peur ? Je ne veux pas mourir, pourtant.

(Voix féminine) – Tu sais Chloé marche à présent

(Voix du soldat Vernay)- Clara…Reste près de moi !

(Conscience) – Cette voix…ce n’est pas la voix que j’utilise habituellement…Mais où est-ce que je suis ? Je veux savoir ! Je veux voir où je suis !

La lumière revient sur la scène de 1915. Le caporal Vernay dort. Bonpain et Thérisse mangent.

(T) - Tiens, on dirait que le caporal se réveille.

Le Caporal parle à sa femme en dormant.

(V) - Clara ! Reste avec moi !

Thérisse fait mine de le réveiller.

(B) - Non laisse le… Pour une fois qu’il en écrase.

Musique et voix de femme…

Le caporal Vernay appelle encore Clara.

(Conscience)-J’ai compris !…Je suis dans la tête de ce type. Qu’est-ce qui se passe ? Où est-ce qu’on est ?

(T) - Ça me gêne de l’entendre parler à sa femme comme ça. On dirait qu’on est dans leur chambre à coucher… C’est vraiment génant, quoi…

(B) - Allez Thérisse,, passe la main ! Moi j’trouve ça plutôt touchant. On pourrait pas croire qu’un mec comme le caporal soit si amoureux de sa p’tite bonne femme.

(T) - Tu parles, quand on l’a vu dans un assaut, on pourrait pas croire.

(B) - Tu t’rappelles, l’attaque du 9 mai…Un vrai lion qu’il était ce jour-là ! Il a fait sauter la tête d’un affreux boche qui voulait m’enfoncer sa baïonnette dans l’ventre. Tu penses si ça s’oublie pas !

(T) - Jusqu’à Givenchy qu’il nous a emmené. On en a percé des lignes à nous tous seuls !

(B) - Il en a attigé combien des boches ? Quoi ? 10, 12, j’me souviens jamais. Et puis i fait sans comme ça, sans en avoir l’air…Bien vrai, avec un régiment de gars gonflés comme lui, on s’rait à Berlin demain matin… Sacré caporal va ! Il est là, il dort…i fait tout fragile… On aurait presque envie de lui prendre la main.

(T) - Tu parles, c’est dans la gueule qu’il te la mettrait.

(B) - Naturliche ! Il a le coup de poing facile avec ça…

(T) - I cause pas lourd, I sourit pas, mais quand il faut en mettre un coup il est là. En cas d’coup dur, il a toujours le geste qu’i faut…C’est un vrai poilu quoi !

(B) - J’comprend pas qu’il soit juste resté caporal avec l’allant qu’il a… (T) - T’oublie son sale caractère. Dès qu’un truc lui parait injuste, i s’met en pétard. Il a l’sang chaud j’te dis…et dans l’armée si tu veux du galon, vaut mieux prendre les choses à la coule…

(B) - Sacré caporal va…

(T) - Tiens du r’veux du rab de singe ?

(B) - Non ma vieille, garde lui un morceau. Par contre, si t’avais un p’tit coup d’gniole pour faire glisser ç’mastic, ce s’rait pas d’refus.

(T) -Attends, passe moi hazor, j’ai ma topette tout au fond…

Le capitaine apparaît sur la scène. Thérisse fait disparaître la topette de gniole, en catastrophe et les deux hommes se redressent pour saluer.

(C) - Repos, messieurs…repos. Alors, tout est calme ?

(B) - Oui mon capitaine, à cette heure les boches font comme nous, il doivent casser la croûte. Vous savez quand on va être relevé ?

(C) - Je ne sais pas soldat Bonpain. Pas avant deux jours sans doute.

(B) - Bah, si les boches restent tranquilles comme ça, on peut bien rester un mois ici, s’pas Thérisse ? Après ç’quon a encaissé depuis le début de cette offensive, un jour comme ç’ui là, c’est comme des vacances à la plage. I manque juste un peu la mer…

(C) - Où est le caporal Vernay ?

(T) - Là derrière mon capitaine, il dort un peu. Il a eu une émotion…Rapport à un de ses doigts qu’une balle boche lui a coupé. Mais vous z-en faites pas il est solide. J’chuis sûr qu’il a déjà oublié…

(C) - Hélas, soldat Thérisse, la nouvelle que j’apporte sera pour lui autrement plus dure à encaisser…

(T) - Qu’est- ce que vous voulez dire mon capitaine ?

(C) - Tenez, tout est dans cette lettre. Je vous laisse le soin de la lui donner… Bon courage…Et faites bonne garde. Les boches ne dorment jamais longtemps…

Le capitaine s’en va. Bonpain et Thérisse restent indécis en regardant la lettre.Bonpain tend la lettre à Thérisse.

(B) - Tu crois qu’on l’ouvre ?

(T) – Non ! t’es fou !…ça nous r’garde pas… Mets lui dans son sac. On verra bien s’qui s’passera.

Bonpain glisse la lettre dans le sac alors que des coups de feu retentissent.

Vernay se redresse soudain et crie.

(Vernay) : Reste pas à découvert Morel !

La sentinelle blessée tombe sur le sol de la tranchée. Vernay se penche sur lui aussitôt et lui ouvre sa veste avec autorité pour lui prodiguer les premiers soins. Il donne des ordres à Thérisse et Bonpain pour qu’ils amènent des pansements.

(Vernay) : Bonpain, Thérisse, des pansements ! Magnez-vous merde ! Et vous, planquez vous mieux qu’ça !... Emmenez le vite au poste de secours du point G.

La scène se termine par l’évacuation du blessé et la prise de commandement de Vernay qui fait remettre les hommes à leur place.

(Vernay) : Allez, à vos postes...Et cessez de vous exposer comme des cons !



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