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Les historiques de régiments

Publié le mercredi 9 juillet 2008.


Les historiques de régiments ou journaux de marche racontent la marche d’un régiment pratiquement jour par jour pendant toute la campagne. En période d’offensive, ils permettent d’avoir presque heure par heure le détail d’une bataille.

On les trouve de plus en plus nombreux sur des sites internet spécialisés au fur et à mesure de leur numérisation.

Dans l’écriture du roman ils me servaient surtout à connaître les régiments en place à l’endroit et à la date où je situais mon histoire. Ils me permettaient aussi de préciser certains détails de la topographie et de la tratégie mise en place avant ou pendant les attaques.

Pour chaque lieu de la bataille d’Artois évoqué dans mon roman, je dressais d’abord une liste des différents régiments l’ayant traversé. Voici par exemple un extrait de liste d’historiques concernant les villages de Souchez et Givenchy.

Ensuite, il me restait à les retrouver sur internet (hélas, certains n’ont jamais été numérisés à temps), les lire et garder les informations utiles. C’est finalement ce travail de collecte d’informations à partir des historiques de régiments qui m’a pris le plus de temps.

Un autre problème que m’ont posé les historiques de régiments est la tendance qu’ils ont à enjoliver la réalité à l’avantage du régiment concerné.

Une petite illustration parmi beaucoup d’autres : voici deux extraits d’historiques de régiments (97ème RI et 159ème RI ) décrivant au même endroit, au même moment, le fléchissement des soldats français quelques heures après le début de l’offensive le 9 mai 1915.

Ces deux régiments combattaient côte à côte aux portes de Souchez près du Cabaret Rouge.

Le regard « officiel » porté sur cet instant est assez subjectif.

Extrait de l’historique du 97ème Régiment de chasseurs alpins

Les réserves sont loin, maintenant les balles sifflent, plus nombreuses, les obus tombent sur les assaillants. A droite, le 159ème violemment contre-attaqué reflue vers l’arrière et de la côte 119 qu’il vient de reconquérir, l’Allemand mitraille la plaine. Le cimetière de Souchez devient intenable sous les obus et ses défenseurs se replient sur le Cabaret Rouge….

Et tandis que le 97ème voit le 159ème reculer… le 159ème ne recule pas !

• Extrait de l’historique du 159ème Régiment de chasseurs alpins.

… Le front semble rompu, l’ennemi désorganisé. Mais l’artillerie dont la portée a été dépassée par la progression de l’infanterie, est obligée de se déplacer, et dans ce terrain bouleversé et coupé de tranchées, son mouvement est forcément très lent. L’infanterie ne peut se passer de son appui et doit ralentir sa marche : ce répit permet à l’ennemi de se ressaisir. Ses batteries et ses mitrailleuses prennent d’enfilade notre ligne. La progression devient lente et difficile. Finalement ordre est donné de s’arrêter et d’organiser les positions conquises sur ce front. Des tentatives de contre-attaque de la part de l’ennemi avortent sous le feu de mitrailleuses et le terrain conquis reste solidement tenu.

Pour avoir une description fiable d’un évènement au sein de cette bataille, je devais donc croiser des historiques de régiments différents et surtout me pencher sur les carnets de soldats de ces régiments. La vision des faits à leur niveau étant souvent plus juste. Cf. "Carnets de guerre et lettres" dans "Les sources".



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